Allez pour une fois , on ne parlera pas plantes , j’ai envie d publier mon premier roman , auriez vous la gentillesse chers lecteurs de me dire si vous auriez envie d élire la suite en ayant lu ces premières pages
merci de vos réponses
J Labescat
Avant-propos
Parfum verdure humide
Un ciel bleu, aucun orage en vue et pourtant il se déclencha aussi brusque que violent. L’horizon étant surligné par des éclairs horizontaux, le tonnerre puis la pluie. Au point que l’ondée nous empêcha de quitter la voiture.
Sous un soleil aussi vite revenu qu’il avait disparu, gagnant des abords inondés, nous pûmes quitter notre véhicule et en mocassins imbibés, rejoindre notre cible.
Notre « promenade commerciale » durait depuis quelques jours sans résultat tangible, Patrick Clavereau mon guide m’avait prévenu, d’un ton si affirmatif à en être presque menaçant :
– C’est la dernière maison que je vous fais visiter, sans guère d’illusion, seulement par pur professionnalisme.
Quand on n’a pas retenu une ferme landaise typique dans son jus à Herm, pas plus le moulin de Pouyanne à Tosse : bel ensemble pourtant authentique sur un lieu unique, comment pourrait-on apprécier une telle ruine certes en bord d’étang, mais en si piteux état?
A peine sorti, je fus conquis.
J’avais trouvé : Je savais que « cette chose » m’était destinée, m’avait attendu depuis longtemps si l’on jaugeait la part proéminente prise par le végétal sur le minéral.
Un pin avait même poussé au travers de la toiture et les murs semblaient être maintenus debout par l’action combinée du lierre, des bambous et des oyats.
Comment peut-on raisonnablement rêver face à ces entrelacs inextricables et impénétrables à les rendre inhabitables en l’état, peut-être même à jamais, mais rêver est souvent déraisonnable ?
C’était elle : je la voulais au point de déjà me l’approprier.
Face à mon enthousiasme par trop apparent et totalement inexplicable, Patrick faillit se trouver mal.
En plus de 25 années de métier, il en avait rencontré des illuminés, comme moi, jamais, m’a-t-il dit bien plus tard.
Au point, qu’au lieu d’essayer de mettre en avant les avantages du bien, il tenta même de l’enfoncer, craignant que je ne saisisse pas bien l’état des lieux, l’étendue des dégâts et de la reconstruction à venir.
— La proximité de l’étang en zone naturelle protégée était un atout, mais tout était à abattre et remonter, après avoir sérieusement débroussaillé : inutile de préciser qu’il y a belle lurette qu’elle n’était plus habitée cette ruine que par des lézards et des serpents.
—j’en suis conscient mais je me dois de la reconstruire, il me la faut.
— Si vous êtes sérieux et conscient, je peux en douter, que ce n’est pas une tocade, je veux bien en parler aux héritiers, depuis le temps que je l’aie en vente, ils vont même être prêts à consentir un rabais, pour s’en débarrasser !
Il allait négocier pour moi, qui n’y songeais même pas pour ne pas risquer la perdre.
-Puisque je vous dis que je la prends.
Pensant ne pas avoir été assez dissuasif, Patrick insista encore :
— Je ne vous cache pas que dans le voisinage, des bruits courent selon lesquels, la maison serait même hantée, que pendant la nuit , l’été, des lumières venant des profondeurs de l’étang noir, la traverseraient de part en part , avant de gagner la lande alentour.
Des traces de feux ont été notées par des chasseurs, les seuls à oser s’aventurer jusque-là. Des lumières bizarres ,mais aussi des bruits étranges tels que des claquements de fouets ou de cordes, ou encore des gémissements ont été entendus.
—Ne cherchez pas à me décourager, mon choix est fait, cette maison je la veux, je la prends !
M’entendais je affirmer, tout étonné de la tonalité prise par ma voix. En quelques jours l’affaire fut réglée avec la signature d’un compromis , les dits héritiers trop contents de larguer enfin cette ruine, à bon compte.
La remise des clés fut immédiate de la part de l’agent immobilier pressé lui aussi de clore l’ affaire, car peu sûr de ma lucidité à travers le temps.
La remise des clés : image plus que symbolique : la porte demeurée ouverte ne fermait plus depuis bien longtemps.
Alors des clés, ah quoi bon ? D’ailleurs des clés de quoi ?
Affaire réglée, peut-être, en fait pas si vite, je devais encore avoir l’aval de mon banquier pour valider un emprunt.
En me fondant sur notre relation amicale liée à mon compte bancaire régulièrement approvisionné, je pensais pouvoir aisément le convaincre.
J’allais toucher des « à valoirs » pour mon prochain livre, question de jours,l’actuel se maintenant bien en tête des ventes, tout baignait pour moi.
Etais je trop sûr de moi et de ma bonne foi ,quand je pris plaisir à lui montrer la photo de mon acquisition, il pâlit aussitôt en bafouillant :
—je… pour votre prêt…je ne suis pas seul à décider, je vais devoir, …en fait… en référer à mes supérieurs !
Une douche froide qui dura plusieurs semaines avant que ne tombe le verdict : refus de financement.
De n’avoir pas envisagé une seconde ce type de situation, j’étais plus décontenancé, qu’abattu.
Que faire ?
J’étais engagé, ne pouvais, ni surtout ne voulais, me désengager.
A mes yeux, cette propriété était une affaire, à moi d’en faire mon affaire.
Sollicité, Antoine Jisambert mon éditeur voulait bien me consentir une avance sur mes droits à venir mais à condition de pouvoir disposer pour son comité de lecture du synopsis et de deux ou trois chapitres de mon prochain roman.
J’en étais loin : n’ayant pas d’idées sur l’histoire, encore moins sur les personnages, pas même sur le thème, ce n’était pas gagné, pourtant cette maison il me la fallait.
Comment faire, alors ?
« Quand le rationnel vous semble compliqué, accrochez-vous à l’irrationnel « avait l’habitude de dire le philosophe Arthur Schopenhauer, Une image qui m’a toujours accompagné et si souvent réussi !
Si j’appelais à l’aide Patricia Darré, ma journaliste médium préférée : elle sévit sur les ondes de France Bleu mais surtout sur des moins conventionnelles et peu rationnelles ?
Elle communique avec l’au-delà aussi simplement que nous téléphonons avec notre portable et encore celui-ci coupe souvent !
Malgré plusieurs messages laissés sur son répondeur, aucune nouvelle d’elle en retour. Décidément elle correspond mieux avec les personnes disparues qu’avec les vivants.
Tout et tous me lâchaient, les nuages , en autant de mauvais présages, s’accumulaient au-dessus de ma tête toute chamboulée.
Si cette ruine m’est destinée, après tout : à elle de m’aider, je vais y retourner, si elle doit, elle me guidera.
Je n’avais fait que quelques pas avec de grands cercles de pieds pour éloigner à la fois des occupants éventuels et écarter les oyats très piquants d’être omni présents que mon téléphone sonna :
—jacques que fais-tu en ce moment ?
C’était Patricia qui se réveillait enfin :
—j’essaie, après avoir essayé de te joindre, de rejoindre ce qui devrait devenir ma prochaine résidence.
—Ne va pas plus loin, arrête-toi le lieu n’est pas sain !
—C’est sûr depuis le temps qu’il est à l’abandon !
— Ce n’est pas le sujet, ce lieu est habité.
—Pardon, oui peut-être par des clodos ou des écolos, il faut être au moins les deux, pour camper ici.
—Ne plaisante pas avec ces choses là
Reprit-elle
M’entendais je répondre
Me voilà bien, je l’avais bien cherché, à cumuler le paranormal et l’irrationnel, de quoi tout compliquer, merci Schopenhauer !
Comme quoi cqfd : l’irrationnel n’apporte pas toujours une aide rationnelle. La philosophie a ses propres limites.
En tout cas, mes affaires n’avançaient guère dans un brouillard de plus en plus opaque.
Il ne me reste plus qu’à faire confiance à Patricia, bras du destin s’il en est, de toute façon a-t-on le choix des moyens quand on est totalement désarmé ?
Pourquoi avais-je par réflexe saisi ce bout de corde qui trainait sur le sol, à peine dans ma main, il m’avait brûlé les doigts au point de devoir aussitôt le relâcher avec l’impression désagréable d’un serpent se tortillant dans ma paume ?
Arrêtons là et courage, fuyons !
Assez pour aujourd’hui, ça fait trop de phénomènes contraires, si cet achat après tout, était une mauvaise idée ? Attendons le rappel de Patricia, si elle y pense, on verra bien.
Devant mon silence, elle continua :
Sans se laisser perturber, elle poursuivit :
Tu as été choisi, tu ne peux te dérober mais sache que je demeurerai à tes côtés, que tu ne risques rien que de faire du bien. Prend des notes sur ce que je vais te dire pour rédiger cette histoire, enregistre-moi si tu veux, leur histoire surtout, ne m’interromps pas, je ne pourrai plus reprendre le récit.
Et sans m’attendre, elle commença aussitôt :
A suivre dites moi ce que vous en pensez